L'eau, la parité...
À propos de la catastrophe climatique, entendu à la radio Sarkozy annoncer le déblocage d’une aide d’urgence pour, dit-il, « leur sortir la tête de l’eau ».
Ah ! Il a le sens de la formule, not’Président ! Mais j’avais autre chose à vous dire : je voulais protester à nouveau contre la mode affreuse qui consiste à ajouter un « e » à la fin de tous les mots en « -eur » lorsqu’il s’agit de femmes.
Voyez ce qu’en dit l’association des professeurs de lettres :
Beaucoup s’interrogent sur l’éventualité d’une marque de féminin à apporter aux noms en ‑eur, au point d’adopter parfois « -eure ». C’est naturellement à éviter, il nous semble falloir s’opposer de la façon la plus nette au non-sens linguistique des pseudo-féminins en « -eure ».
Il ne s’agit en aucune façon, bien entendu, de refuser la féminisation des titres, lorsqu’elle est nécessaire, mais de le faire à bon escient.
Le « e » n’est, en effet, pas une marque universelle de féminin, en particulier justement dans les mots en «-eur », comme fleur, blancheur, tiédeur, couleur, etc., tous féminins. L’ajouter serait donc redondant. La féminisation de termes comme professeur, auteur, par exemple, prend ainsi une forme épicène : une professeur, une auteur, etc.
C’est dans ce nécessaire respect de l’orthographe que l’association (française) des professeurs de lettres mentionne ses membres de sexe féminin comme « professeur agrégée », « professeur certifiée ».
L’argument de l’évolution, invoqué pour justifier cette innovation attentatoire à l’orthographe, n’est pas judicieux. Si, en effet, la société évolue en faveur de la féminisation des titres et de la façon de les nommer ; la langue française, elle, obéit à d’autres règles. Elle a, de façon constante, évolué de façon à éliminer les lettres qui ne se prononcent pas. Ce n’est donc pas pour en ajouter. L’idée de suffixer un « e » là où il n’y en avait pas est donc, au sens propre, une démarche « réactionnaire ».
C’est aussi mon avis. Au lieu de faire semblant de faire avancer la parité à l’aide d’un artifice puéril, militons pour une vraie égalité, un partage des tâches, une promotion des femmes et un salaire égal pour tous.