Voyage
De ma puissante étrave,
J’ai ouvert les fleuves,
Et fendu les océans,
Certains mouraient
Dans mon sillage
effervescent.
J’ai offert mon torse
Aux soleils inventés,
Piétiné de mon insolence
Les envieux qui voulaient
M’arrêter
Je me suis brûlé aux astres
Incandescents
J’ai hurlé dans le vide
Du désastre velouté
Des étoiles
Et pleuré quand seuls
Tissaient leur toile
Les phosphènes de mes yeux.
Puis j’ai sombré dans
Tous les Enfers
Qu’ils soient pavés
Ou non
J’ai erré de rue en rue
De rut en rut
Ma renommée précédait
Ma turgescence
Et j’étais bouc, satyre et Priape
J’écumais les lieux de vice
Et les boxons mal famés
J’ai exploré tous les charniers
De toutes les guerres
Rampé sous les barbelés
Campé dans les ossuaires
J’ai rompu mes amarres
Et quitté mon pays
j’ai bu dans les mares
des contrées inconnues
où les miasmes délétères
attendaient ma venue.
Nulle part, nulle part,
Nulle part
Je n’ai vu ton visage.
Alors, je suis revenu
De mon terrible voyage
Et tu m’attendais. Là.